Les 10 risques qui peuvent conduire à une grande dépression

Résumé de l’article de Nouriel Roubini (27 avril 2020)

Pour sortir de la crise de 2008-2009, les gouvernements n’avaient pas traité les problèmes structurels, mais avaient inondé le secteur financier de liquidités, rendant inévitable une future crise.

Peut-être que l’économie reprendra en fin d’année suivant le modèle d’une reprise en « U ». Mais dans tous les cas, nous dit Nouriel Roubini, une grande dépression suivra au cours de la présente décennie suivant le modèle en « L » (dépression non suivie par une reprise).

Il énonce 10 risques qui font que pour lui, cette future grande dépression est inévitable.

Risque n° 1 . Le niveau de dette des Etats est déjà élevé. Les déficits fiscaux vont atteindre ou dépasser 10% du PIB. Il faut s’attendre à des défauts de remboursement de la dette.

Risque n° 2 . Le vieillissement de la population est une bombe à retardement dans les pays avancés. La part des revenus alloués à la santé va devoir augmenter, alors même que les systèmes de santé et de sécurité sociale sont sous-financés.

Risque n° 3 . La sous-utilisation des machines et de la force de travail (chômage) peut entraîner une chute des prix et une déflation qui rendront les débiteurs insolvables.

Risque n° 4 . Les Etats utilisent la planche à billets, qui va faire se déprécier la monnaie. Cette dépréciation, couplée avec la déglobalisation et le protectionnisme, peut rendre une « stagflation » inévitable (stagnation de l’économie avec inflation des prix).

Risque n° 5 . Disruption digitale de l’économie. La relocalisation va s’accompagner d’une plus grande automatisation de la production, avec pour conséquence de nouvelles pertes d’emploi, une pression sur les salaires, et in fine encore plus d’inégalités de revenus et de richesse.

Risque n° 6 . La déglobalisation se traduira par des restrictions des échanges de biens, de services, de capitaux et par de moindres mouvements de la main d’œuvre. La tendance va être à des politiques encore plus protectionnistes pour protéger les firmes nationales et les travailleurs.

Risque n° 7 . L’insécurité économique, le chômage et les inégalités conduiront l’opinion à rechercher des boucs émissaires, ce qui favorisera les discours populistes et contribuera à affaiblir la démocratie.

Risque n° 8 . L’affrontement géo-stratégique entre la Chine et les US s’intensifiera, conduisant à un découplage des deux pays dans de nombreux domaines : commerce, technologie, investissement, données, arrangements monétaires.

Risque n° 9 . Cet affrontement peut amener une nouvelle guerre froide s’appuyant d’abord sur les armes de la « cyber-war », avec aussi potentiellement des conflits armés classiques. Le complexe militaro-industriel US se renforcera en intégrant plus largement les entreprises privées de technologie.

Risque n° 10 . La pandémie du Covid-19 nous montre qu’une catastrophe environnementale a des conséquences plus profondes et durables qu’une crise financière. Le changement climatique, la sur-exploitation des systèmes naturels et l’interconnectivité du monde rendent probables de nouveaux désastres, plus fréquents, sévères et couteux dans les années à venir.

Vers 2030, la technologie et des dirigeants politiques plus compétents pourraient nous faire espérer des solutions pour réduire ou résoudre tous ces problèmes. Mais il n’y aura pas de fin heureuse si on ne trouve pas une voie pour survivre à la grande dépression qui arrive.

Lien vers l’article original : https://www.theguardian.com/business/2020/apr/29/ten-reasons-why-greater-depression-for-the-2020s-is-inevitable-covid?