Cherbourg prépare ses défenses contre les risques de submersion

Photo Anciens cols bleus

Comme pour toutes les villes côtières, la menace de submersion pointe à l’horizon pour Cherbourg. Bien sûr on pensera que le problème est lointain, que les jetées de la rade construites il y a 2 siècles et plus sont une protection importante, que la présence d’une industrie stratégique – Naval Group y construit les sous-marins nucléaires du pays – imposera à l’Etat d’investir ce qu’il faut pour préserver le port de la montée du niveau des mers, inéluctable à terme.

Les aléas de submersion, représentés sur la carte ci-dessous, montrent l’impact potentiel de la « crue centennale » suivant l’hypothèse que le changement climatique entraînerait une hausse de 60 cm du niveau moyen des mers en 2100. Il est donc avisé de se préparer dés maintenant au nouveau risque.

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L’intéressant est qu’aujourd’hui la situation est mise sur la table, avec un projet, présenté fin mai 2021 au Conseil municipal, qui prévoit un investissement très important (25 millions d’euros), avec une date espérée de démarrage des travaux en 2026.

L’étude qui a abouti à ce projet a été réalisée sur une période 18 mois par une équipe du cabinet d’architecture « Les Marneurs » de Bruxelles avec la société SETEC, pour un budget estimé de 180.000 € ht.

Ce projet a l’intérêt de montrer comment un bureau d’étude imagine une stratégie pour réduire le risque de submersion. Ici, l’idée n’est pas de la rendre impossible par des défenses imposantes transformant la ville en forteresse, mais au contraire, d’ouvrir les accès à la mer, avec une élévation progressive des ouvrages mettant les bâtiments d’habitation hors de portée de la submersion centenaire. Ou de façon imagée, il s’agit non de supprimer le risque, mais de se préparer à vivre avec.

En situation normale, les activités portuaires et de loisir se déroulent normalement dans l’espace aménagé entre les immeubles et la mer.

Lorsqu’intervient une submersion marine à hauteur de 4,20 m, des pontons adaptés permettent de maintenir le débarquement depuis les bateaux. Le quai partagé ne peut plus être utilisé pour des activités de loisir.

Selon le bureau d’étude, ce risque de submersion a une fréquence d’une tous les 80 ans. En 2100 avec le changement climatique, il passerait à 2 événements de submersion par mois.

Dans le cas d’un événement entrainant une submersion de 5,25m ngf, le niveau maximum de l’eau atteindrait le quai planté qui resterait accessible. La fréquence du risque en 2100 est estimée à 1 tous les 100 ans.

Cette organisation de l’espace a été imaginée pour un quartier précis bordant le port à l’est. Il y a encore beaucoup à faire. Un aménagement équivalent doit être pensé pour les quartiers de la ville ayant un risque fort de submersion, comme on a pu le voir sur la carte présentée plus haut.

Un principe formulé est que les quartiers doivent être « perméables » à une submersion pour que l’eau puisse se retirer facilement des quartiers inondés. Ce principe est d’autant plus important qu’au risque de submersion marine peut s’ajouter le risque d’inondation par les deux petits cours d’eau qui se déversent dans la baie de Cherbourg. L’événement centennal pourrait être provoqué par la conjonction d’une grande marée, du vent et de fortes pluies.

(L’auteur de l’article n’a pas de lien avec la mairie de Cherbourg, ni avec le bureau d’étude ou une entreprise susceptible de soumettre une offre pour la réalisation du projet).

Sources :

Plan de Prévention des Risques Naturels de la région de Cherbourg approuvé le 30 décembre 2019.

Réunion du conseil municipal du 26 mai 2021 (commencer à visionner la vidéo à 45 mn)

Site du bureau d’étude